Evasion
Didier Lepez, lillois de 58 ans et père de 4 enfants, a décidé de réaliser ses rêves. Étreint par l’intensité de la liberté en traineau à chiens, il est rappelé par sa boussole intérieure qui le ramène sur l’immensité des terres glaciales de l’Arctique. L’aventurier vient de vivre une expérience immersive avec Ollenguaq, l’un des derniers chasseurs inuits. Après 5 semaines de rupture absolue au sommet du monde, Didier nous raconte l’infini menacé par l’instant et nous rappelle l’unité de la nature. Une épopée rythmée par des nuits étoilées, des silences qui parlent toutes les langues et les bruits sourds d’une banquise qui n’en finit jamais de craquer… Rencontre.
Comment passer de l’intention à l’action ?
Didier : Oser réaliser son rêve, c’est le dépasser. Transformer son imaginaire en une réalité concrète, faite d’efforts et de luttes contre ses propres adversités. 8 mois de préparations intensives m’ont appris à dompter mon cerveau et mon corps, en pariant sur la capacité de ma force mentale, afin d’obtenir le meilleur de moi-même. Être en mesure de garantir ses capacités physiques, de prévenir les blessures et d’optimiser sa récupération sont des facteurs clés de succès. Coaché par Ilyès Berbara, et Romain Liagre, j’ai appris le vrai sens du combat, celui pour la vie. Retenez que 9 peurs sur 10 ne se concrétisent jamais ! Réussir, c’est d’abord oser.
De quoi dépend la survie d’un inuit ?
Didier : Elle dépend de ses vivres, des conditions météorologiques et de l’état physique de ses chiens. Ils sont d’une bravoure surhumaine, d’un amour et d’un dévouement incommensurables. Dans ces nuits polaires où nos corps étaient tétanisés par le froid et où il nous était impossible de deviner la limite entre le ciel et la banquise, nous confions nos vies aux instincts de ces héros. Nos vies étaient définitivement entre leurs pattes. Cette aventure m’a ouvert les yeux sur ce lien si précieux entre chaque existence et sur l’interdépendance entre la nature, le monde animal et l’Homme.
Qu’avez-vous constaté ?
Didier : Là, au beau milieu de cette terre glacée du Groenland, gisait une canette de Coca. L’humain s’auto-menace et l’ours, roi de l’Arctique, subit ce qui se passe à des milliers de kilomètres de lui, intoxiqué. L’inuit tue moins d’animaux polaires que l’occidental avec ses PCB. Les tempêtes sont devenues extrêmement violentes et la banquise est apocalyptique pour les chiens, qui se déplacent sur la glace comme sur des lames de rasoir. Les pôles se réchauffent 3 fois plus vite qu’ailleurs. De sa force égale à sa fragilité (dont nous sommes responsables), la calotte glaciaire perd 235 milliards de tonnes par an. Elle a déjà perdu 75% de son volume et avec elle s’engloutit un écosystème ancestral, bien antérieur à nos progrès technologiques. Ce sont 70 années, contre des milliers…
Quel message accompagne votre retour dans ce monde dit « civilisé » ?
Didier : Après cette expérience inouïe qui conjuguait interdépendance et humilité face à la puissance de la Nature, je reviens au cœur de ce monde moderne où il est question de crises et de guerres, où les personnes ne se disent plus bonjour lorsqu’elles se croisent. Le monde politique fait ce qu’il croit bon en tenant compte d’un équilibre économique contraint. Nous parlons essentiellement des avancées technologiques pour pallier cette situation mais je suis convaincu que ce sont nos décisions et nos comportements individuels qui inverseront la courbe. Il est temps de se plonger dans la brutalité de la réalité, de ralentir le rythme de nos vies. Nous devons prendre conscience que les valeurs de la Vie, de la Liberté et du Bien commun sont là pour guider nos existences, qui sont à quelques centimètres à peine du précipice.
Retrouvez le récit complet de la dernière aventure de Didier Lepez dans le livre « Écoute ce que la banquise te murmure ».
100 % des bénéfices de cette vente sont reversés à l’association Friend’s of Savissivik
