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Art & Culture

Philippe Shangti

Le sens de la provocation

Philippe Shangti

Ne vous fiez pas à la première attirance esthétique provoquée par ses photos ultra sophistiquées. Regardez de plus près et observez les détails méticuleusement mis en scène, pointant du doigt les déviances des comportements humains. Rencontre exclusive sur Art’Up avec Philippe Shangti, artiste engagé à la carrière internationale fulgurante. 

Par Emmanuelle Magimel

Comment vous est venue l’idée de sublimer le vice pour mieux le dénoncer ?

J’ai débarqué à Saint-Tropez à 20 ans en 2003, après avoir fini mes études à Toulouse. J’y ai rencontré Joseph Geenen qui dirigeait de nombreux établissements de nuit très en vogue dont il m’a confié la déco et la mise en scène. J’ai très vite observé et constaté avec effroi les excès de la fête, de la drogue, de la prostitution. En réaction, j’ai ressenti le besoin de faire naître ma première œuvre. J’ai pris mon appareil photo en me disant que j’allais créer une image forte, hyper colorée et accrocheuse autour d’une femme pour susciter l’envie de la regarder. Je l’ai associée au message « No Cocaïne Here ». 

Comment est né le succès ?

En m’ouvrant les murs de ses établissements pour exposer mes photos très grands formats, Joseph Geenen a également ouvert mon travail à une clientèle de collectionneurs, galéristes, people. Les photos ont commencé à se vendre à cette époque. Au fil des années, mon travail a été exposé  dans de nombreuses galeries en France et à l'étranger : Genève, Londres, New-York, Los Angeles, Miami, Ibiza, Amsterdam, Paris et Saint-Tropez. En 2019, j’ai été sélectionné pour représenter la Principauté d'Andorre lors de la 58ème Biennale de Venise.

Quel est le juste équilibre entre l’esthétique de votre œuvre et le message plus moralisateur ?

Chaque nouvelle série est un challenge aussi délicat qu'audacieux, c’est vrai.  Je dénonce la drogue, la prostitution, la condition animale, les dérives de la nature tout en embellissant le propos. L’objectif reste de captiver les regards pour inscrire mes combats dans l'esprit du public, avec bienveillance et profondeur. Pour éviter l’écueil du sermon moralisateur ou de la vulgarité, je soigne d’autant plus les détails, la symétrie, les perspectives et l'équilibre de tous les éléments de la photo.

De l’idée à l’image, comment se déroule la création d’une photo ?

Je commence toujours par un croquis de la scène que je vais mettre en scène, un dessin au crayon noir très détaillé. Je ne manque pas d’inspiration, j’en ai plus que je ne pourrais en réaliser dans une vie. J’ai une équipe d’environ 20 personnes qui m’accompagnent pour réaliser LA photo : directeur de casting, habilleur, maquilleur, coiffeur, assistants, techniciens… La préparation est un exercice long qui prend des semaines. C’est ce que nous avons souhaité partager lors du showcase à Art-Up à Lille en février. Faire vivre en live l’expérience survoltée et à la fois hyper maîtrisée d’une prise de vue. Philippe Gonay et  Hélène Skali en backstage ont assuré le coiffage fou et très pro des 7 mannequins.

A quoi ressemble votre vie au quotidien dans ce monde que vous dénoncez ?

Je me suis installé en Andorre pour me rapprocher de la nature. Je me lève tous les jours à 8 heures pour enchainer petit déjeuner et entrainement sportif. J’arrive au studio vers 10h et j’en repars à 19h max pour profiter sainement de mes soirées. 

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